samedi 25 octobre 2025
Jakób et Moliwda
lundi 20 octobre 2025
Un manque
À Międzybóż, tout le monde était comme nous, attentifs aux paroles ; aussi, le bourg en soi nous paraissait improbable, banal et fugace, comme si la matière, par sa confrontation avec la parole, avait la queue entre les jambes et se recroquevillait sur elle-même honteuse ; la route boueuse, ravinée par les charrettes, semblait ne mener nulle part ; les petites chaumières qui la longeaient de part et d’autre, mais aussi la maison du savoir, seule à posséder un vaste préau en bois noirci et détrempé dans lequel nous creusions des trous avec nos doigts, avaient l’air d’appartenir au monde du rêve.
Je pourrais dire que nous creusions également des trous dans les mots pour pénétrer leur incommensurable profondeur. Ma première fascination concernait la ressemblance de deux termes.
Les voici. Pour créer le monde, Dieu dut se retirer en lui-même, laisser dans son corps un vide qui devint l’univers. Dieu disparut de cet espace. Le mot « disparaître », en hébreu, a pour racine elem, tandis que le lieu de la disparition est appelé olam, le « monde ». Ainsi donc, l’histoire de la disparition de Dieu est présente jusque dans le nom du monde. Le monde ne pouvait apparaître que parce que Dieu l’avait abandonné. D’abord, il y avait quelque chose, et ensuite il y eut un manque. C’est-à-dire le monde. L’univers entier est un manque. »
Olga Tokarczuk, Les livres de Jakób
mardi 14 octobre 2025
Visibilité
Dans l’Ancien Monde, sensible au flou artistique, à la subjectivité, à une certaine poésie, il était plus facile de pipeauter. Par exemple sur les ventes de vos livres. « Ça a marché ton dernier roman ? » « Carrément pas mal, je sais qu’on a réimprimé plusieurs fois, on n’est pas encore à cent mille, mais on en prend le chemin. » À l’intérieur de ce nuage sibyllin, un avenir était préservé. Vous restiez dans le bon cercle. Pour peu que vous ne soyez pas un tocard complet, que vous ayez toujours une « visibilité média », et quand même quelques ventes, ça passait. Quand le représentant arrivait chez le libraire, celui-ci gardait une impression suffisamment bonne de vous et de votre dernier livre pour prendre un paquet conséquent du prochain, en tout cas assez pour pouvoir envisager une pile et un bout de vitrine. Mais pas dans le Nouveau Monde. Dans le Nouveau Monde, il existait ce truc idiot qui s’appelait Internet, qui permettait d’aller sur des bases de données où le bobard n’avait plus cours. « Ouf, désolé mais je n’en ai vendu que deux du dernier, déclarait, sans cœur, le libraire. » « Ah, vous en prenez combien alors ? » « Ben…je ne sais pas. Un ? »
Vincent Ravalec, "Mémoires intimes d'un pauvre vieux essayant de survivre dans un monde hostile"
jeudi 2 octobre 2025
Miss Minimum
Brian Evenson, "La Confrérie des mutilés"
mercredi 10 septembre 2025
Bloquons tout, sauf la porte des chiottes !
"En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui."
Georges Clémenceau, évoquant le destin de François Bayrou après la chute de son gouvernement.dimanche 20 juillet 2025
Jancovici peut aller se rhabiller
Extrait de "Le Déluge", de Stephen Markley.
jeudi 17 juillet 2025
Le problème de la dette
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| livre repéré il y a deux étés chez Ptiluc (c'est le temps moyen pour q'une info atteigne mon cerveau) |
David Graeber "Dette : 5000 ans d'histoire"




