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mardi 17 décembre 2024

Les bites cognent

« En 2022, constate Rifkin, un Américain passe 92 % de sa journée à l’intérieur d’un bâtiment et plus de sept heures devant un écran. » Le métavers, univers engendré par ordinateur, exalté comme le rêve utopique ultime, nous éloigne de la matérialité brute du vécu, « cela à seule fin d’esquiver la mort ».

Jeremy Rifkin cité par Vincent Rémy dans Télérama n°3909.

jeudi 26 septembre 2024

se rassurer

rien que le logo, j'en tremble.
Stephen King lui-même dit qu’aimer l’horreur c’est vouloir se rassurer, se préparer au pire et à la mort.

Quelqu'un parlant de Stephen King dans un Télérama de soudain, l'été dernier.



dimanche 2 juin 2024

Qu'elle était siliconée ma vallée

 « Les GAFAM n’ont pas tué les liens, ne les ont pas tranchés au couteau ou à la hache. C’est bien pire, plus efficace et plus subtil que ça, et surtout, ça n’a pas été explicitement conçu ni voulu comme ça. Ça sonne plutôt comme le dégât collatéral d’une guerre qui n’a même pas eu lieu. Ils ont dévitalisé ces liens. Ils les ont édulcorés et neutralisés. Ils nous ont donné le moyen quotidien, par leurs applications, de devenir de parfaits in/dividus autosatisfaits, ou crus tels, se voulant tels – c’est-à-dire des êtres humains qui ne se divisent plus. Qui ne se partagent pas avec d’autres, n’offrent pas un seul morceau de ce qu’ils sont à des pairs qui en auraient besoin.

Ou, quand ils le font, ils le font à distance respectable, à distanciation sociale tolérée, sans s’engager, sans se mettre, d’aucune manière, en danger. Sans donner prise. Cette sécurité mentale et physique, elle était en latence, sans doute, dans les pulsions vitales protectrices de l’humain, elle couvait, larvaire, dans l’ombre ou l’envers du désir de rencontre et de confrontation qui nous a aussi construit dans l’évolution, et qu’on activait parce que cette entraide était probablement la meilleure façon de survivre.

Aujourd’hui, passé un certain seuil de sécurisation des égos, cette confrontation n’a plus besoin d’avoir lieu. Le réflexe immunitaire verglace la pente humanitaire. On n’arrive plus à grimper vers l’autre. Plutôt que s’exposer, on se juxtapose, en interposant l’interface entre nous et eux. Les GAFAM n’ont pas tué les liens : ils les ont absentés. 

Nous ne vivons plus ici ou ici, nous créchons dans le non-lieu de la communication et des messages, nous flottons dans l’irradiation nébuleuse des plateformes qui plagient le vécu, ou le fanent en le numérisant aussitôt éclos. Instagram est un buvard qui boit l’intensité fuyante de nos moments prétendument riches. Court cette impression que les instants vraiment uniques de nos vies ne valent que pour la vidéo qui nous les fera revivre par après. Les gamers diraient : pour leur replay value. »

Alain Damasio. « Vallée du silicium. » 

samedi 20 avril 2024

Non à la pub onirique

extrait de mail
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salut camarade
on peut dire que ta campagne promotionnelle d’hier sous forme de suggestions de lecture a touché sa cible :
cette nuit, j’ai rêvé que je me rendais dans une librairie alternative pour y acheter urgemment le livre des Soulèvements de la Terre ainsi que le dernier Damasio.
Chapeau.
Ca me contraint quasiment à m’y rendre en vrai ce matin.
Par contre, la librairie onirique était tellement alternative qu’aucun rayon n’était rangé ni étiqueté par une signalétique quelconque.
Par voie de conséquence (pour éviter le « du coup » pandémoniaque), j’ai pas mal galéré pour trouver le Damasio, qui paraissait directement en poche chez « J’ai lu », et pas dans leur ancienne collection ésotérique l’aventure mystérieuse.
Dans mon rêve, je me résolvais la mort dans l’âme à demander conseil à une vendeuse (on sait que si Moïse a erré 40 ans dans le désert, c’est parce que les hommes ont horreur de demander leur chemin, selon cette blague sexiste qui se moque enfin des mecs)
Bref.
Je connaissais l’autorisation récente de la publicité pour le livre à la télévision, mais je vais appeler Darmanin pour demander l’abrogation du décret sur les spots de pub pendant les rêves, craignant une fragilisation du secteur et un appauvrissement de la création onirique.
Ou alors, j’écris un nouvel épisode de black mirror sur ce thème ?
J’ai bien peur que Philip K.Dick ait déjà tout dit.
a+
K.

P.S. : un article du Gorafi vraiment hilarant sur Darmanin (d'habitude je ne parcours que leurs titres) que j'ai lu à mon fils hier soir avant de lui faire subir Dune 2, mais il a mieux encaissé que moi, étant de constitution plus robuste. Salauds de jeunes !

https://www.legorafi.fr/2024/04/18/gerald-darmanin-annonce-le-lancement-dun-plan-places-nettes-xxl-turbo-alpha-triple-impact/



En 1972, Lobsang Rampa a prophétisé dans cet ouvrage l’émergence future du local syndical au sous-sol de l'entreprise (que nous appelons familièrement entre nous la grotte de la CGT), mais il n’a rencontré qu’incrédulité et moqueries.

jeudi 11 avril 2024

crétinisation

Je considère la télévision, le cinéma, la presse, le journalisme comme de grands moyens modernes d'avilissement et de crétinisation des foules. Mais j'adore les utiliser parce que au point de vue pratique, après il y a plus de gens qui courent après Dali, et les tableaux se vendent plus cher.

Salvador Dali, "l'oeil du cyclone 44 > Dali à la télé, vers 14'32''

Il y a plusieurs pays dans mon pays. « Vous, les Américains », ça ne veut rien dire. C’est un peu comme « Vous, les Européens »… Si vous habitez dans le Sud, vous pouvez avoir autant en commun avec un New-Yorkais qu’avec un Norvégien ! Moi, je viens de la côte : côte Est hier, côte Ouest aujourd’hui. En roulant une heure, je peux me retrouver dans les régions conservatrices de la Californie. Il n’y en a pas beaucoup mais elles existent ! Malgré toutes ces différences, il y a quand même un abrutissement incroyable qui traverse tout le pays. Et qui a commencé à partir du moment où il est devenu possible d’avoir des chaînes de télévision qui ne diffusent qu’un seul point de vue. C’était littéralement interdit par la loi autrefois. Maintenant, il y a des gens — à droite comme à gauche, d’ailleurs — qui se contentent d’aller chercher les informations qui confirment tous leurs préjugés. Et cela dure depuis une génération. On voit le résultat. Je ne sais pas où ça nous mènera… Pour être honnête avec vous, j’ai très peur pour mes enfants. J’aimerais voir mon pays retrouver la raison.

Dennis Lehane, dans le Télérama de la semaine dernière