dimanche 19 mars 2023

Changements et continuités


« Sur une tablette d’argile babylonienne, dont l’âge est estimé à plus de 3 000 ans, on trouve les phrases suivantes : « La jeunesse d’aujourd’hui est pourrie jusqu’au tréfonds, mauvaise, irréligieuse et paresseuse. Elle ne sera jamais comme la jeunesse du passé et sera incapable de préserver notre civilisation. »

Watzlawick, Paul. « Changements »

vendredi 17 mars 2023

mécanique des fluides

Il n’est pas suffisant d’éviter simplement de se sentir découragé face à l’épreuve. Quand survient le malheur, le Samouraï doit s’en réjouir et saisir la chance qui lui est ainsi offerte de mettre à profit son énergie et son courage. Une telle attitude diffère radicalement de la simple résignation. Quand les flots montent, le bateau s’élève…


***

La dignité d’un être se mesure à l’impression extérieure qu’il donne. Il y a de la dignité dans l’effort et l’assiduité dans la sérénité et la discrétion. Il y a de la dignité dans l’observation des règles de conduite et dans la droiture. Il y a aussi de la dignité à serrer les dents et à garder les yeux ouverts : toutes ces attitudes sont visibles de l’extérieur. Ce qui est capital, c’est d’agir toujours avec dignité et sincérité.

« HAGAKURE » LE LIVRE SECRET DES SAMOURAIS
par Jocho Yamamoto (1659-1719)

lundi 13 mars 2023

Prière de St-François

Version diffusée par les  A.A. dans les années 90 :


"Seigneur, fais de moi un instrument de Ta paix;
là où se trouve la haine, que j'apporte l'amour;
là où se trouve l'offense, que j'apporte l'esprit de pardon;
là où se trouve la discorde, que j'apporte l'harmonie;
là où se trouve l'erreur, que j'apporte la vérité;
là où se trouve le doute, que j'apporte la foi;
là où se trouve l'obscurité, que j'apporte la lumière;
là où se trouve la tristesse, que j'apporte la joie.
Seigneur, fais que je cherche à consoler plutôt qu'à être consolé;
à comprendre plutôt qu'à être compris;
à aimer plutôt qu'à être aimé.
Car c'est en s'oubliant que l'on trouve.
C'est en pardonnant qu'on reçoit le pardon.
C'est en mourant qu'on s'éveille à la Vie éternelle."


Le savais-tu ?

La prière de saint François est une prière chrétienne pour la paix, communément mais erronément attribuée à François d'Assise, qui apparaît pour la première fois en 1912.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pri%C3%A8re_de_saint_Fran%C3%A7ois

Elle fait toujours son petit effet, quand on cherche un truc malin à dire la veille d'un enterrement où l'on fera mieux de fermer sa gueule si on tient à tout prix à s'y rendre utile.

vendredi 10 mars 2023

Le Sermon Aux Serpents

« Qu’est-ce donc que toute notre existence, lança le père Damien, répétant son sermon du haut de la chaire neuve, sinon le son d’un effroyable amour ? »
Les serpents glissèrent silencieusement entre les pieds des bancs vides.
« Quelle est la question que nous passons nos vies entières à poser ? Notre question est la suivante : Sommes-nous aimés ? Je ne veux pas dire les uns par les autres. Sommes-nous aimés par Celui qui nous a créés ? Nous cherchons sans cesse des preuves. Dans les dons que l’on nous fait – enfant, beau temps, argent, un bon mariage peut-être – nous trouvons des assurances. Par opposition, nos souffrances, nos maladies, la mort de ceux que nous aimons, notre pauvreté, nos malheurs innocents – ceux-là nous les prenons comme des signes que Dieu s’est détourné de nous. Mais, mes amis, qu’est-ce donc exactement que l’amour, ici ? Comment le définir ? L’amour de Dieu a-t-il le moindre rapport avec le manque ou l’excès de chance à l’œuvre dans nos vies ? Ou, qui sait, l’amour de Dieu est-il quelque chose de très différent de ce que nous croyons connaître ?
« L’amour divin peut être si vaste qu’il ne peut nous voir.
« Ou il peut être si infiniment petit qu’il agit à un niveau où il nous dirige ainsi qu’une substance inconnue immergée dans notre sang.
« Ou il peut être transparent, un écran invisible, un filtre au travers duquel nous voyons et entendons tout ce qui est créé.
« Oh mes amis…»
Les serpents dressèrent leurs têtes lisses comme des balles, dardèrent la langue pour capter les vibrations des sons que l’être produisait quelque part devant eux.

« Je suis comme vous, déclara le père Damien aux serpents, curieux et petit. » Il laissa retomber ses bras. « Comme vous je me tiens immobile, aux aguets, et j’ouvre mes sens pour essayer de déchiffrer l’air, les nuages, l’inclinaison du soleil, les petits mouvements des animaux, tout cela dans l’espoir d’apprendre le secret de l’amour que l’on me porte ou non. »
Les serpents s’enroulèrent et se déroulèrent, se tordirent par-dessus et par-dessous.

« Si je suis aimé, poursuivit le père Damien, c’est d’un amour exigeant et sans pitié contre lequel je suis sans défense. Si je ne suis pas aimé, alors je suis impitoyablement manipulé par une force à laquelle je ne peux pas davantage résister, et c’est donc du pareil au même. Je dois faire ce que je dois faire. Allez en paix. »
Il leva les mains, bénit les serpents, puis s’allongea de tout son long sur un banc et dormit là toute la fin de l’après-midi.

  Louise Erdrich "Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse" 

jeudi 9 mars 2023

Brûlons la chandelle par les deux bouts

Oui, le mieux, dans un contexte anxiogène, c’est de ne faire aucune concession à la prudence, à la modération, à la tempérance. Puisque le Titanic sombre sans espoir, réclamons à l’orchestre de jouer encore plus fort.
Lorsque, au sommet de l’État, on invite à la sobriété, la meilleure réponse reste donc de brûler la chandelle par les deux bouts.
Dès la salle de maternité, quand vous venez à peine de pousser votre premier vagissement, quand vous êtes encore tout sanguinolent, avant même la première tétée, réclamez une coupe de champagne. Du meilleur. Millésimé. Idéalement, de l’extra-brut. (Choisissez un champagne à fines bulles. Vérifiez que l’équilibre entre acidité et sucrosité soit impeccable.)

Proposez à la sage-femme de trinquer avec vous. Par exemple, dites-lui : « Martine, soyez assez gentille pour reporter les premiers soins que vous aviez l’intention de me prodiguer. Jouissons ensemble de ce moment de joie auquel correspond ma venue sur Terre. La pesée, les mensurations, la coupe du cordon ombilical peuvent attendre, ne croyez-vous pas, Martine ? » N’hésitez pas à faire preuve de reconnaissance vis-à-vis de cette première personne qui aura permis votre passage de l’ombre utérine à la lumière de la vie extérieure. « Allons Martine, je vous en prie, faites-moi l’honneur de participer à cette petite cérémonie improvisée, asseyez-vous et buvons ensemble ! » (Il ne faut naturellement prénommer la sage-femme Martine qu’à la condition que la sage-femme se prénomme effectivement Martine. Il vous appartient d’adapter ces conseils à chaque situation particulière. Si la sage-femme se prénomme Amina, Janine, Marcel, appelez-la par conséquent Amina, Janine, Marcel.) Après une bonne série de décennies (huit, neuf, au-delà si vous en avez la force), n’hésitez pas à faire preuve de la même vitalité si c’est possible, en tous cas de la même convivialité, de la même chaleur, de la même audace, sur votre lit de mort.

Si, déjà, on a placé des bougies autour de votre lit pour favoriser le recueillement de ceux qui viendront vous rendre une dernière visite, profitez de la flamme vacillante pour allumer un dernier cigare. Au cas où vous posséderiez une belle boîte de Montecristo, de Cohiba ou de Bolivar, c’est l’occasion de lui faire un sort. Proposez-en tout autour de vous : au prêtre qui vient vous donner les derniers sacrements, au médecin qui vient avec un peu d’avance s’assurer de votre décès, aux proches, aux amis, à la famille... Pensez également à déboucher une dernière bouteille de champagne.
Il serait délicat, si elle vit toujours, d’inviter Martine (ou Amina, Janine, Marcel) pour cet ultime moment de partage. Ce sera l’occasion de faire des comparaisons bienvenues : « Ah ! tiens, il est encore meilleur que la dernière fois... », l’opportunité pour Martine (Amina, Janine, Marcel) de faire les dernières vérifications nécessaires : « Au fait, est-ce que j’avais bien coupé le cordon ? »


Chronique de François Morel : CONSEIL N° 24
dans Philosophie Magazine de décembre 2022

mercredi 8 mars 2023

Spike Jones : None But The Lonely Heart

 



"No, John.
It's best that we part, John.
You have another wife, and I have another husband, and he has another wife, and she has another husband.
It isn't the simplest sort of arrangement.
It isn't.
No, after all our years of wedded bliss, it's auf wiedersehen, John.
We must think of the child.
After all, we do have a child, and he has a child, and the child has another wife, and she has another husband, and he has a child, and that child, John, is our child.
I must go away somewhere and figure this thing out.
Auf wiedersehen, John, auf wiedersehen.

- But, Mary dear, I know you have another husband, and that he has another wife, and that she has another husband, and that our own child, through marriage, is now my uncle and your sisters father on your grandmother's side, but can't we talk this over ?
There is still time, our divorce doesn't become final for another five minutes.
We'll talk it over some other day, John, but not today.
Why not, dear?
Today I am to be married.
Bonsoir, John.
Prosit.
Auf wiedersehen.
Au revoir.
Adios.
Aloha
How do you like that?
She didn't even say 'goodbye' !"

Spike Jones : None But The Lonely Heart 

***

Unkle Wiki says :

Spike Jones a clairement été influencé par les Hoosier Hot Shots et les Marx Brothers.
Il a quant à lui influencé Stan Freberg, Gerard Hoffnung, Peter Schickele's P. D. Q. Bach, The Goons, les Beatles, Frank Zappa, George Maciunas, The Bonzo Dog Doo-Dah Band, The Mystic Knights of the Oingo Boingo, et The Roto Rooter Goodtime Christmas Band. Jones est mentionné dans la chanson de the Band Up on Cripple Creek. L'écrivain Thomas Pynchon est un de ses admirateurs et a écrit le livret d'une compilation des titres les plus extravagants de Spike Jones (intitulé Spiked !) paru en 1994 (BMG Catalyst). 
Le réalisateur Spike Jonze a quant à lui choisi son pseudonyme en référence à Spike Jones.