jeudi 12 septembre 2024

momie aztèque

Si j’essaie de me définir, je dirais — même si c’est moins le cas maintenant — que je suis solitaire, mutique et dépressif. Je peux rester chez moi, et me suffire à moi-même, entre lectures, écriture et musique — que je ne pratique pas, mais que j’écoute. En fait, réaliser des films m’oblige à me tourner vers l’extérieur. Je travaille avec un coscénariste, puis avec une équipe, ce qui est une bonne chose. Ensuite, quand le film sort, je dois m’adresser au public, à des gens que je ne connais pas. Cette ouverture me fait du bien.

Ça ne vous aurait pas tenté de devenir écrivain ?
Non, parce que ce serait un retour à la solitude. Et cet attrait pour la solitude est quelque chose dont je me méfie beaucoup, car il se traduit par des formes d’égoïsme terribles. Les gens, généralement, me trouvent très sympathique, mais ils ne connaissent pas le fond de ma personnalité. Ils ne connaissent pas la momie aztèque que j’ai en moi !

Jacques Audiard, dans Télérama du 21 Aout.

jeudi 5 septembre 2024

Le Yoga du rêve

Au départ, il est facile de croire que le rêve peut nous transmettre de nombreux enseignements. Personnellement, et malgré toutes mes tentatives, je n’ai jamais trouvé ce que je souhaitais, ni enseignements, ni conseils. Sans doute est-il possible d’en retirer certaines choses, mais pas sans un travail important d’incubation ou de décryptage des données. En fait, ceux qui attendent quelque chose des rêves sont les mêmes qui recherchent des maîtres. Je n’empêche personne de chercher un maître, mais je me demande si cela est très utile. J’ai vu quantité de gens qui avaient suivi des enseignements de toutes sortes, obtenu de grandes révélations et qui me tenaient des discours du genre “Je fais ceci ou cela parce que je sens que c’est ce que je dois faire actuellement, c’est ce qui est bon pour moi”. Mais ces gens restent toujours les mêmes, et on a l’impression que s’ils n’avaient pas fait ce qui était “bon” pour eux, leur vie n’aurait pas été différente. Pour moi, l’explication en est simple : faire ponctuellement ce qui est “bon” pour moi, yoga, méditation ou prière, ne me fera pas progresser tant qu’en dehors de cela je continuerai à mener la même vie stupide. Tant que je continuerai à mener ne serait-ce qu’une heure par jour de vie stupide, quand bien même je ferais à côté 15 heures de méditation, le seul fait que cette heure de stupidité soit me prouve que ma méditation n’a pas eu beaucoup d’effet, et rien ne me garantit que demain ne sera pas fait d’une heure de méditation et de 15 heures de vie stupide. Etre zen une heure par jour, tout le monde y arrive. Rien n’est plus commun que les gens qui ont de grandes révélations mystiques, il en pousse à tous les coins de rues. L’important n’est pas la révélation ou l’enseignement mais ce qu’on en fait. Les gourous et les rêves ne peuvent rien pour nous tant que nous ne comprenons pas que notre évolution spirituelle est l’affaire de chaque instant.

Du rêve lucide au Yoga du rêve : 282 rêves lucides commentés (coll.privée)

dimanche 1 septembre 2024

Rareté de l'attention

« Dans un monde riche en informations, l'abondance d'informations entraîne la pénurie d'une autre ressource : la rareté  de ce que l'information consomme, et ce que l'information consomme est assez évident : c'est l'attention de ses destinataires. Donc une abondance d'informations crée une rareté de l'attention, et le besoin de répartir efficacement cette attention parmi la surabondance des sources d'informations qui peuvent la consommer »

Herbert Simon a dit cela en 1971, et il est cité dans Socialter de juillet-aout consacré à l'emprise numérique (peut-on lui échapper ?) dans une traduction légèrement différente.
Un certain nombre de techniques de renoncement au numérique sont suggérées, qui m'ont tout l'air de gimmicks de bobo, et qui ne valent pas ce remède de grand-mère qu'elle m'a vendu sur son lit de mort : laisser l'ordinateur éteint, tant qu'on n'en a pas besoin pour accomplir une tâche déterminée.