« L’extinction démographique. Je n’arrive pas à croire que personne n’y ait pensé. Il n’y a pas assez d’enfants, et on attend encore la décélération des maladies dégénératives et des cancers. Ne parlons pas des catastrophes naturelles, qui pourraient finir de miner l’auditoire. Attendez ! Il ne suffisait pas d’arrêter d’engloutir dix kilos de perturbateurs endocriniens par an pour expurger nos organismes de tous les miasmes industriels ! Franchement, parfois je jurerais que les humains ne grandissent jamais. Ils téteront le mamelon sucré du déni jusqu’à ce que leurs cheveux soient tout blancs. Ils ont la mémoire courte. Moi, j’ai toujours été jalouse de la facilité avec laquelle nos ancêtres accédaient à l’information. Profuse, contradictoire, assourdissante, merveilleuse information ! Il suffisait de se pencher pour cueillir de la data. Nous savions tout. Nous avons lu les étiquettes et les journaux, nous avons surfé des années durant. Et pourtant, cela ne nous a pas empêchés de manger, de boire, d’acheter, de voter et d’inventer les podcasts. Ce n’est pas la première fois que je le dis et certainement pas la dernière, mais nous avons bien mérité de nous éteindre. »
Marguerite Imbert « Les flibustiers de la mer chimique. » Albin Michel.
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