jeudi 18 avril 2024

Les biens de ce monde

(extrait de mail)
Un jour, un auteur français de sciences humaines pas du tout universitaire que j’étudiais en catimini à la fac de psycho à Montpellier a dit ceci :

"Tous, tant que nous sommes, avons en nous “quelque chose” qui veut toutes les femmes et tous les biens de ce monde : c’est la règle chez les primates, et elle repose sur des instincts qui s’éternisent chez les humains."

J'ai mis 40 ans à admettre qu'il avait raison, en le vérifiant dans ma chair, et à en accepter les conséquences : me protéger, et protéger les miens, de ce défaut de conception de l'être humain mâle soit-disant « adulte ». (y’a qu’à voir ce qu’on appelait autrefois les « films pour adultes », qui s’adressent en fait à des demeurés émotionnels)
Je crois en avoir délivré une version plus légère dans mon autoportrait en pornographe éclairé : "dieu nous a donné une bite et un cerveau, mais pas assez de sang pour irriguer les deux en même temps"

adultère

En réalité, je n’ai pas choisi l’adultère parce que c’était un péché, mais parce que c’était la seule solution pour moi. Comme je n’aimais pas non plus – d’abord je n’en avais pas les moyens et je suis contre – la prostitution bien sûr. Et puis, ça en me viendrait pas à l’idée, même si j’avais les moyens, de payer une femme pour avoir des rapports… (…) Moi je n’ai jamais eu de rapports avec une prostituée. Je veux dire : je n’ai jamais eu de rapports avec une prostituée en la payant. D’abord, j’étais contre le principe ; je suis contre le commerce. C’est un truc satanique, comme disait Baudelaire, et je n’en avais pas les moyens… Mais j’en eusse eu les moyens, je ne l’aurais pas fait, puisque je pouvais le faire autrement. Parce que j’aurais eu honte de faire ça. »

Georges Brassens, en 79

vendredi 12 avril 2024

Nihilisme pour âmes simples













By Jove ! 

Comment Joan Cornella fait-il pour si bien me connaitre ?

en résumé, c’est du misanthropisme.
Voire même du nihilisme pour âmes simples.
(Camus a dit quelque part que le nihiliste n'était pas celui qui ne croyait en rien, mais celui qui ne croit pas à ce qui est.)

jeudi 11 avril 2024

crétinisation

Je considère la télévision, le cinéma, la presse, le journalisme comme de grands moyens modernes d'avilissement et de crétinisation des foules. Mais j'adore les utiliser parce que au point de vue pratique, après il y a plus de gens qui courent après Dali, et les tableaux se vendent plus cher.

Salvador Dali, "l'oeil du cyclone 44 > Dali à la télé, vers 14'32''

Il y a plusieurs pays dans mon pays. « Vous, les Américains », ça ne veut rien dire. C’est un peu comme « Vous, les Européens »… Si vous habitez dans le Sud, vous pouvez avoir autant en commun avec un New-Yorkais qu’avec un Norvégien ! Moi, je viens de la côte : côte Est hier, côte Ouest aujourd’hui. En roulant une heure, je peux me retrouver dans les régions conservatrices de la Californie. Il n’y en a pas beaucoup mais elles existent ! Malgré toutes ces différences, il y a quand même un abrutissement incroyable qui traverse tout le pays. Et qui a commencé à partir du moment où il est devenu possible d’avoir des chaînes de télévision qui ne diffusent qu’un seul point de vue. C’était littéralement interdit par la loi autrefois. Maintenant, il y a des gens — à droite comme à gauche, d’ailleurs — qui se contentent d’aller chercher les informations qui confirment tous leurs préjugés. Et cela dure depuis une génération. On voit le résultat. Je ne sais pas où ça nous mènera… Pour être honnête avec vous, j’ai très peur pour mes enfants. J’aimerais voir mon pays retrouver la raison.

Dennis Lehane, dans le Télérama de la semaine dernière

mardi 2 avril 2024

Fontaine

"Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé."

Groucho Marx

Mon Dieu, mon Dieu
Merci d'avoir inventé Marx
Vous étiez pas forcé

Brigitte Fontaine

samedi 9 mars 2024

masochisme moderne

" Dans son étude sur la forme que revêt le masochisme chez l’homme moderne, Thedor Reik avance une vue intéressante. Le masochisme est plus répandu que nous ne l’imaginons car il prend une forme atténuée. La dynamique de base est la suivante: le sujet perçoit quelque chose de mauvais dont la venue est inévitable. Il ne peut rien faire afin d’interrompre le processus; il est réduit à l’impuissance. Le sentiment de son impuissance engendre chez lui le besoin d’exercer quelque contrôle sur cette souffrance imminente - n’importe quelle forme de contrôle fera l’affaire. C’est logique: le sentiment subjectif de sa propre impuissance est plus douloureux que la souffrance à venir. Aussi le sujet a-t-il recours, pour se rendre maître de la situation, à la seule voie qui lui reste ouverte: il concourt à hâter la venue de ce malheur prochain. Cette activité encourage chez lui l’impression erronée qu’il aime la souffrance. Il n’en est rien. La vérité est simplement qu’il ne peut plus supporter sa propre impuissance, ou son impuissance supposée. Mais le mécanisme par lequel il acquiert la maîtrise de cette souffrance de toute façon inévitable l’amène automatiquement à devenir anhédoniste (c’est-à-dire à ne plus pouvoir ou à ne plus vouloir éprouver le plaisir). L’anhédonie s’installe sournoisement et en vient, au fil des années, à dominer le sujet. Ainsi apprend-il, par exemple, à différer la gratification - c’est là une étape du triste processus de l’anhédonie. En apprenant à retarder la gratification, il éprouve un sentiment de maîtrise de soi; il est devenu stoïque, discipliné; il ne cède pas à la pulsion. Il possède la maîtrise. Maîtrise de soi quant à ses pulsions, maîtrise de la situation extérieure. Il est un sujet qui se maîtrise et qui maîtrise. Bientôt, il a étendu le processus et exerce sa maîtrise sur d’autres sujets, car cela fait partie de sa situation. Il devient un manipulateur. Naturellement, il n’est pas conscient de la chose; il ne s’agit pour lui que d’atténuer le sentiment de son impuissance. Mais la tâche qu’il s’est ainsi fixée le conduit à asservir insidieusement la liberté d’autrui. Pourtant il n’en retire aucun plaisir, aucun gain positif sur le plan psychologique; tous ses gains à lui sont fondamentalement négatifs. "

rapporté par Philip K. Dick dans Siva (Trad. Robert Louit)

mercredi 11 octobre 2023

Lasagnes psychologiques

Nous sommes des lasagnes psychologiques : trois types d’identités (intérieure, familiale, sociétale). Je possède donc à la fois le passé de mes ancêtres, mais je suis également victime de mon temps. Au-delà de l’aspect psychologique personnel, de la transmission des fautes des parents à leurs enfants et du besoin de résilience des enfants aux besoins, souffrances et manques de leurs parents, chaque génération est traversée par l’histoire de son « pays » : pas seulement les batailles, mais également les mouvements sociaux, les évolutions, et principalement celles de la famille dont le concept est fondamentalement remis en question lors du XXe siècle. Je suis persuadé que nous ne pouvons donc observer ou analyser notre époque qu’à travers notre prisme personnel et actuel. Le regard que nous portons sur l’Histoire demeure donc multi-couches. Même si des historiens tentent d’en donner une version définitive, il est important de garder à l’esprit que rien n’est simple.

Bernard Hislaire, dit Yslaire // Interview donnée à actuabd

https://www.actuabd.com/Yslaire-la-bouleversante-suite-de-Sambre